Les Sunderbans, dernier refuge du Tigre
Les Sundarbans forment la plus grande forêt de mangrove au monde qui s'étend à travers le Bangladesh et l'Inde. C'est l'un des derniers refuges du tigre du Bengale (Panthera tigris tigris). Ce parc national a été classé au patrimoine mondial de l'UNESCO (il est même comptabilisé deux fois soit une fois par pays).
La région des Sundarbans s'étend sur plus de 100 km à l'intérieur des terres, recouvre environ 10000 km² dont 60% se situent au Bangladesh, le reste se trouvant en Inde. La partie nord de la région, où dominent les forêts épaisses, est presque déserte. Les mangroves, situées le long des côtes, sont les plus vastes au monde.
Le parc national des Sundarbans possède une faune abondante comprenant de nombreuses espèces de singes et de serpents, de crocodiles marins et de sangliers. La région est en outre l'un des derniers refuges du tigre du Bengale qui y fait l'objet d'un programme de protection soutenu par le World Wildlife Fund (WWF).
Le Tigre du Bengale victime de sa réputation
"Dans le nord du pays, un tigre du Bengale a fait sa dixième victime en moins de deux mois. Quatre cents chasseurs et deux éléphants sont mobilisés pour le traquer, mais les recherches pataugent." (Le Figaro 2014).
Il a fait sa dixième victime le 9 février. C'était un employé du bureau d'irrigation qui travaillait dans le parc national de Corbett, au pied de l'Himalaya. Le meurtrier qui terrorise la population dans cette région du nord de l'Inde n'est pas un tueur en série, mais un tigre du Bengale. Les autorités supposent qu'il s'agit d'une jeune femelle, même si elles ignorent tout de son profil. D'après ses empreintes, la «reine insaisissable», comme on l'a baptisée, serait blessée à la patte. Incapable de courir normalement, elle attaquerait des proies faciles à attraper.
L'animal rôde entre l'Uttar Pradesh et l'Uttarakhand, dans le nord de l'Inde. Il a commencé à tuer le 29 décembre. Le fauve a développé un goût pour la chair humaine puisqu'il commence à manger ses proies. Quatre cents chasseurs et deux éléphants sont mobilisés. Les recherches pataugent. Et la population est sur les nerfs face à ce tigre qui échappe aux braconniers tel un fantôme. Personne ne sait où et quand il frappera la prochaine fois. Ces dernières semaines, les contacts entre les tigres et la population sont devenus fréquents. Et, avec eux, les cas de tigres mangeurs d'hommes. Une anomalie, selon Raghu Chundawat, un scientifique qui a étudié cette espèce dans la réserve de Panna: «les tigres attaquent rarement les hommes», souligne le chercheur.
En janvier, un fauve qui avait dévoré trois personnes a été abattu au Tamil Nadu. Pendant plusieurs jours, les écoles de la région étaient restées fermées et les habitants priés de rester chez eux. Un autre aurait fait deux morts au Maharashtra le mois dernier. Et, en décembre, une affaire du même genre avait secoué le Karnataka.
«Dans certains États, les autorités ont laissé les promoteurs construire à tout va. Des routes et des immeubles sont sortis de terre à quelques kilomètres de certaines réserves. Or un tigre peut parcourir jusqu'à 500 km», précise Leo Saldanha, membre de l'ONG écologiste Environment Support Group. Il ajoute que «avec l'urbanisation, l'eau des réserves est parfois polluée. Les chiens errants contaminent la faune, infectent la chaîne alimentaire. Le tigre a alors du mal à trouver du gibier, et il sort de sa zone de chasse pour se nourrir.»
Si un tigre vous attaque, attendez le garde forestier..
Le tigre du Bengale est une espèce protégée, mais c'est aussi un tueur d'homme. Il fut responsable de la mort d'une trentaine de personnes l'année dernière au Bangladesh. Les autorités demandent pourtant à la population de ne pas tuer les tigres, même en cas d'attaque, afin de préserver l'espèce menacée d'extinction. La consigne : appeler un garde-forestier équipé d'un fusil et de cartouches tranquillisantes. Même si cela peut prendre jusqu'à 12 heures.
Selon certaines estimations, il resterait 440 tigres du Bengale dans la forêt de mangroves des Sundarbans, située entre le Bangladesh et l'Inde. Le site, récemment inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco, abrite également des populations de pêcheurs et de fermiers, qui ont vu leurs villages dévastés en 2007 et en 2009 par des cyclones meurtriers.
Certains villageois ont alors décidé de parcourir la forêt à la recherche de nourriture.
Ainsi un tigre a été battu à mort le 22 janvier par des villageois de Satkhira. Ils n'avaient pas souhaité attendre que les gardes-forestiers arrivent avec leurs fusils tranquillisateurs.
"Ils connaissent les dangers de la jungle, mais n'ont pas d'autres moyens de survivre"
Monirul Alam est un journaliste et un blogueur de Dacca. Il se trouvait dans la forêt des Sundarbans
quand un bûcheron a été tué par un tigre.
Depuis le cyclone Sidr [en novembre 2007]
et le cyclone Aila [en mai 2009], les gens ont dû fuir
les zones inondables. Les villageois, Ã la recherche
de nourriture dans la forêt, risquent désormais tous l
es jours de tomber nez à nez avec un tigre.
L'un d'entre eux m'a dit un jour : "On pénètre dans la jungle, le tigre nous tue...
Le tigre pénètre dans notre village, on le tue".
J'ai pris ces photos il y a quelques semaines
dans la forêt de Sundbarans. Un tigre du Bengale venait de tuer Mabud, un bûcheron de 40 ans.
Selon Abdul Sarder, un des cinq bûcherons partis
couper du bois ce jour-là , le tigre les a soudainement
attaqués dans la jungle. "Quand nous nous sommes
retrouvés hors de danger, nous avons réalisé que Mabud n'était plus là .
Nous avons essayé de le sauver mais nous n'avons pas réussi à combattre le tigre."
"Ils sont alors retournés au village pour chercher de l'aide, avant de repartir dans la jungle accompagnés de 120 villageois armés de bâtons et de haches.
Finalement, ils ont pu récupérer le corps de Mabud."
"Abdul est conscient des dangers de la jungle, mais il explique que les villageois n'ont pas d'autre choix pour survivre. Les digues ont cédé trois fois ces deux dernières années, inondant les habitations des villageois et les repoussant un peu plus vers la jungle."
"Les autorités n'ont pu contenir la situation et le tigre a été battu à mort"
Ce billet, qui raconte le massacre d'un tigre par des villageois, a été publié sur le blog du Sundabaran Tiger Project (Projet du tigre des Sundarbans, STP), un groupe de huit personnes mis en place par le Département forestier du Bangladesh en 2005 et financé par des groupes de défense de la faune sauvage américains.
"Dans la matinée du 22 janvier, un tigre a été découvert dans le village de Satkhira. Nous avons immédiatement quitté Dacca pour rejoindre Satkhira par la route [environ 500 km]. Nous pensions que si nous arrivions à temps nous pourrions aider les gardes-forestiers à neutraliser le tigre et à le déposer dans une zone plus sûre dans la jungle. Une équipe de gardes-forestiers était sur place et tentait de calmer les villageois en attendant les renforts".
Dans ce genre de situation, le tigre est normalement tué très vite. Mais, cette fois, si les gardes-forestiers et les dirigeants locaux ont réussi à contrôler les villageois pendant près de 12 heures, durant lesquelles le tigre n'a pas été attaqué. Mais la foule a continué à grossir au cours de la journée pour atteindre plusieurs milliers de personnes, et la tension est rapidement montée des deux côtés quand le tigre s'est réfugié dans une hutte. En fin de journée, les autorités n'ont plus réussi à contrôler la situation et le tigre a été battu à mort."